Reposant sur un fait ayant conduit à la mort de plusieurs centaines de civils à Gwangu en mai 1980 et qualifié plus tard de massacre par les médias, le film reprend la trame de cette tragédie - dans les premières séquences particulièrement sanguinolentes mais sous forme d’animation fort heureusement - en faisant intervenir cinq personnages fictifs sortis tout droit de la célèbre bande dessinée à succès de Kang Full, en 2006, intitulée ‘’26 Years’’.
Pourquoi pas ? Du moment qu’il s’agit d’en faire une intrigue sans trop dénaturer l’histoire car on l’aura bien compris, il s’agit pour nos protagonistes de venger les victimes en s’en prenant au responsable qui n’est plus ni moins le président de la République sud-coréenne - en la personne de Chun Doo-hwan dans le film comme dans la réalité d’ailleurs - quand bien même sa responsabilité n’a pu être démontrée à l’époque en tout cas.
Quoi qu’il en soit, il est tout désigné dans le scénario et le complot dont il fera l’objet ne vise rien de moins qu’à l’assassiner par ce quintet de justiciers et non tueurs car leur noble mission est de se faire justice d’autant que tous ont un contentieux personnel avec leur président sauf qu’il aurait fallu s’y prendre autrement pour faire de ‘‘26 Years’’ un film à la hauteur de ces événements qui ont marqué s’il faut le rappeler, les premières heures de lutte de la société civile - dans tous les sens du terme car il s’agit d’un soulèvement armé des habitants de Gwangu réprimé dans le sang par un régime militaire prompt à voir des communistes partout - avant que la Corée ne parvienne à se frayer une voie vers la démocratie.
Au lieu de quoi, le scénario s’attarde un peu trop sur le portrait de chacun si bien que d’un thriller dans le style cinématographique adopté tout du moins, on se retrouve vite perdu dans les méandres des considérations quant à la stratégie de notre quintet avec de surcroît un sentiment de bavardage et d’étirement qui finit par tout engluer jusqu’aux scènes d’action. Or, 26 ans plus tard s’il s’agit de vengeance ou d’en finir avec la dictature, on aurait pu espérer un peu plus de crédibilité pour ne pas dire de détermination de la part de nos comploteurs incarnés par un tireur d’élite, un PDG d’entreprise, un gangster, un policier, un directeur des services de sécurité.
Si certaines scènes d’action sont correctement réalisées, elles sont donc loin d’être convaincantes à cause des mêmes bavardages et ce jusque dans les faces à faces, si bien que ce président détesté a peu de chances de répondre de ses actes et ce n’est pas l’Histoire qui le contredira puisqu’il sera même pardonné par son successeur. En d’autres termes, le dénouement de ‘‘ 26 Years’’ ressemble davantage à un vaste pugilat qu’à une opération aboutie malgré la présence d’une bande de gangsters, ralliée à la bonne cause si on peut dire, sans parler du tireur d’élite tout juste capable de se tirer une balle dans le pied...
En résumé ‘‘26 Years’’ et même 100 ans plus tard - quoique Chun Doo-hwan ne risque plus de faire de mal - avec pareil scénario, on est sûr d’obtenir une chose. Un navet retentissant au regard du jeu d’acteur affligeant de médiocrité sans parler de l’intrigue complètement indigente. S’il peut séduire quelque peu, certainement qu’il faut être Coréen et avoir un compte à régler avec son passé pour lui trouver quelque intérêt. Quant aux autres, il vaut mieux passer son chemin.
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