top of page
  • Ker Asia

Ashfall


Dans le genre catastrophe, ce ne sont pas les films qui manquent mais rares sont ceux qui parviennent à montrer ou dire quelque chose d’intéressant tant ils font preuve, trop souvent, d’un manque d’imagination quand ils ne tombent pas dans la médiocrité indépendamment des moyens mis en œuvre.


Aussi, allons-nous assister à une catastrophe revisitée (au sens inventif du terme) sur grand écran - avec ce film présenté d’emblée comme un blockbuster par la presse coréenne - ou à quelque chose de catastrophique pour parler de cinéma à sensations fortes et pas forcément réussi ? On peut toujours espérer car il faut dire que le filon est loin d’être épuisé et il est sans doute suffisamment rentable, financièrement parlant, pour que des réalisateurs s’y engouffrent encore puisque les Sud-coréens s’y mettent aussi avec leur ‘‘Ashfall’’ - ou plutôt ‘‘Mont Paektu’’ pour le titre original - ce qui nous mène tout droit au cœur d’un cratère ou presque.


Ce mont Paektu est un volcan qui est entré en éruption il y a fort longtemps (an 946 de notre ère pour être précis) et de façon certainement traumatisante pour marquer les esprits des deux côtés de la frontière car il sépare effectivement les Mandchous de Joseon par sa position géographique et surtout par ses coulées de lave quand il se réveille soudainement. Autant dire que cela ne date pas d’aujourd’hui et il n’y a aucune raison de le laisser dormir plus longtemps aussi quand le cinéma a de bonnes raisons de faire ce qu’il fait, sinon comment pourrait-on mêler Chinois, Coréens et même Américains dans cette histoire qui ne tient debout qu’à condition de garder les yeux grand ouverts et l’esprit en alerte.


Dire que cela fait beaucoup au terme d’un visionnage de 127 mn est un euphémisme et pour le peu de sensations qu’on en retire. Le mode d’emploi pour suivre le film est du genre alambiqué et ce ne sont pas les dialogues qui aident à s’accrocher à l’histoire tant ils sont en décalage total avec une situation qui se veut stressante sauf que du stress, c’est plutôt l’agacement qui fini par l’emporter tant les protagonistes sont peu crédibles et les situations d’affrontement improbables sans parler du mélo qui englue leur évolution. Franchement, a-t-on l’idée de répondre à son épouse, sur le point d’accoucher, parce qu’il faut la rassurer alors que la population risque, d’un instant à l’autre, de se retrouver sous les cendres y compris l’intéressé au bout du fil et dans un cadre apocalyptique de surcroît ? Que dire d’une installation nucléaire bourrée d’ogives et qui se laissent démonter comme un vulgaire pétard de 14 juillet parce qu’on a besoin de l’uranium qu’elles renferment ? Si… Si… Il s’agit de s’en servir pour faire imploser ce fichu volcan quand on est pas implosé avant même la fin du film. Ce ne sont que quelques détails certes mais il en est, hélas, truffé de ce genre de détails des plus absurdes.


Quoi qu’il en soit, il faut faire un effort pour ne pas se faire larguer dans cette course pour la survie aussi surréaliste d’ailleurs qu’indigeste à moins que nos pauvres neurones n’aient déjà rendu l’âme face à pareille contorsion scénaristique. Ne pouvait-on se contenter d’un volcan menaçant et faire plus simple comme un sauvetage héroïque par exemple ? Certains réalisateurs ont montré la voie, avec succès, en faisant d’une catastrophe imminente le cœur du sujet pour ne pas dire la vedette même de leur film. Mais il faut croire que ce n’est pas assez original puisque les Chinois font figure de gangsters, les Américains sont des gêneurs qui ne comprennent rien à rien et qu’il vaux mieux s’arranger entre Coréens pour sauver la péninsule du désastre. C’est presque évident d’ailleurs parce qu’on est jamais aussi bien protégé que par soi-même dans ce rapprochement Nord/Sud des plus improbables mais quand il y a péril en la même demeure, et que c’est du cinéma, tout est permis n’est-ce pas ? Sur ce point, le message délivré est parfaitement clair et certainement qu’on est plus fort en se réconciliant mais encore une fois, des cendres attendues et des soubresauts, on pouvait espérer un film palpitant voire prenant, si possible, ne serait-ce que pour les têtes d’affiche en la personne de Lee Byung-hun et Ha Jung-woo entre autres.


Au lieu de quoi, ‘‘Ashfall’’ donne l’impression d’utiliser ces acteurs qu’à des fins commerciales. C’est à dire comme un produit d’appel destiné à attirer le chaland comme on le ferait en marketing avec force battage médiatique. Or, il ne suffit pas de disposer de talents internationalement reconnus et de gros moyens pour faire un bon film et en l’occurrence un film qui ne soit pas trop catastrophique tant le genre catastrophe a été surexploité. Dans ce rayon d’ailleurs, on ne compte plus les naufrages depuis longtemps et dans notre cas, l’histoire laborieusement racontée n’est pas du tout crédible. Les dialogues qui se veulent drôles, à certains moments, sont d’un mauvais goût jusqu’à desservir les protagonistes et ne parlons pas de la séquence finale aussi grandiloquente et théâtrale qu’un spectacle de boulevard.


Pour la trame, on est dans une démarche calquée sur Armageddon sauf que de l’atmosphère, ‘‘Ashfall’’ s’en éloigne de beaucoup alors qu’il s’inspire largement du premier - pour son univers électrisant, ses quiproquos, le côté déjanté de certaines situations notamment, ses clins d’œil, son second degré parce que l’histoire, teintée d’humour, est traitée à la manière d’une BD qu’on peut feuilleter à loisir et qu’elle n’est surtout pas à prendre au sérieux précisément - tant le sentiment de déjà vu est envahissant et à la limite du supportable quand ce n’est pas carrément du plagiat dans la façon d’entretenir le suspens.


Enfin et quitte à le répéter, on pouvait s’attendre à autre chose mais quand même pas à une grosse marmite de navets bien lourds (pardon pour les acteurs qui n’y sont pour rien). Sans doute fallait-il laisser les cendres tomber en quantité comme d’autres le feraient en laissant sombrer majestueusement le Titanic dans les flots. Ces mêmes cendres auraient le mérite de camoufler l’indigence du scénario, tout en remplissant nos yeux de terreur, au lieu de nous encrasser les neurones.


bottom of page