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Corée – Mythe et Ethnicité


Nombre de témoignages d’occidentaux revenant de Corée du Sud rapportent l’intérêt des Coréens pour les étrangers. Mais cela relève-t-il de la simple curiosité à moins que derrière ces comportements ostentatoires, d’autres raisons semblent contredire la thèse de certains intellectuels Sud-Coréens soutenant que la présence croissante d’étrangers dans le pays est un signe d’ouverture au monde ou tendant vers un multiculturalisme de la société.

L’idée de ces derniers s’appuie sur les relations de la Corée avec ses partenaires économiques à travers le monde ces dernières années sauf que dans l’inconscient collectif du peuple, l’ouverture à l’autre ne dispense pas de défendre une autre vision encore très intériorisée du monde voire circonscrite tout du moins à la sphère coréenne sur le plan ethnique au sens étymologique du terme.

Ce qui peut être paradoxal ne l’est pourtant pas en réalité car dans les comportements, il y a la pensée et les paroles - cela vaut en toute circonstance d’ailleurs que l’on soit coréen ou non – précédant l’acceptation de l’autre dans la question du métissage notamment. Qu’il soit repoussé volontairement ou inconsciemment, la croyance d’une grande majorité de la population est fondée sur la conviction que tous les Coréens appartiennent à une même lignée pour avoir des ancêtres communs ce qui contredit l’idée même d’ouverture au monde et interdit à fortiori toutes possibilités de métissage biologique, linguistique, religieux et culturel. À cela, viennent s’ajouter des pratiques ancestrales toujours d’actualité dans la société coréenne contemporaine, révélatrices d’une pensée privilégiant les origines du peuple nourries par les mythes fondateurs puisqu’elle y trouve ses origines sociales.

Ce sentiment est d’autant plus accentué depuis l’émergence des états nations nés au lendemain de la Seconde guerre mondiale et en ce qui concerne la Corée libérée de la tutelle japonaise, de nouveaux concepts et de nouvelles idéologies sont venus bousculer la péninsule pour transformer ce sentiment - poussé parfois jusqu’au paroxysme durant les années de Guerre froide notamment – en un nationalisme combatif et à la fois ethnique d’autant que le souvenir de la colonisation japonaise a laissé des traces particulièrement douloureuses - cf femmes de réconfort - dans le subconscient des Coréens durant les années précédant essentiellement la reddition du Japon Impérial en août 1945.

Après la partition de la péninsule en 1953 et loin de s’affaiblir, le sentiment national et ethnique bien que plus marqué idéologiquement au Nord et sans affecter pour autant le passé des deux Corée – car l’une comme l’autre entretiennent le culte du passé en y faisant référence constamment dans tous les événements sociaux – servira de support idéologique au gouvernement du Sud contraint de s’ouvrir à la globalisation pour ‘‘protéger’’ la culture coréenne du contact avec d’autres cultures.

Le défi de la mondialisation dans un esprit de conservatisme national et ethnique trouvera une réponse par la voix du Président sud-coréen Kim Young Sam – 1993-1998 - dans cette formule adressée à ses compatriotes ‘‘Les Coréens ne peuvent pas devenir citoyens mondialisés sans avoir une bonne compréhension de leur propre culture et traditions. Ils doivent aller vers le monde, conscients de la force de leur unique culture et de leurs valeurs traditionnelles’’.

Paradoxale s’il en est, la Corée du Sud semble être parvenue à entretenir un état d’esprit tourné vers le passé et le présent sans que des remises en cause ouvertes n’aient vu le jour dans les programmes d’enseignement de l’Histoire pourtant critique par nature et encore moins dans les médias.

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