Le savoir faire des Sud-Coréens dans la réalisation des films d’action n’est plus à démontrer, depuis quelques années et dans d’autres genres aussi, il faut dire, au point qu’ils sont même capables de surpasser certaines productions d’Hollywood ce qui est un comble quand on connaît l’influence de l’Uncle Sam sur le 7e Art dans la péninsule. Aussi, faut-il croire que les producteurs coréens ont beaucoup appris à son contact et dans la veine de ce qui se fait de mieux, en terme d’action proprement dit, ‘‘No Tears for the Dead’’ est clairement un film qui ne verse pas dans la subtilité, encore moins dans le verbe d’ailleurs et pour cause. Il n’y a pas de larmes pour le mort et certainement pas le temps de se retourner sur quoi que ce soit, non plus, si bien que les 116 mn, que dure le film, filent aussi vite qu’un TGV mais sans jamais dérailler. C’est à dire comme un produit high tech doté d’une plastique séduisante parce que la photographie – comme on peut s’y attendre de la part du réalisateur Jeong-Beom – est parfaitement maîtrisée sans parler de la machinerie entre les mains d’un pilote de course. Sur ce point, les amateurs de sensations fortes seront comblés sans nulle doute d’autant que le héros – Gon dans le film – ne ménage pas ses efforts pour remplir sa mission en tant que tueur professionnel sauf que tuer n’empêche pas d’avoir une conscience. C’est là que les choses commencent à se compliquer, pour lui, et bien que le scénario est somme toute classique, mais plutôt bien écrit en exploitant le thème du remord et de la culpabilité, le suspense n’a donc pas été négligé et le spectacle, assuré. Si violence il y a, les scènes sont nombreuses et étonnamment proches d’un acte de guerre et dire qu’il s’agit d’une mission, secrète par nature, puisqu’on parle d’assassinat dans ce film, il y a de quoi sursauter dans son fauteuil par moment et pas uniquement à cause des balles qui pleuvent comme giboulées de mars… Faut-il utiliser tout un entrepôt de munitions pour régler ses comptes ? Il y a des moyens certainement plus discrets quand on est des professionnels de l’assassinat et si d’aventure faut-il adresser une critique sur la question des armes, il semble que Jeong-Beom a d’emblée pris parti de vider tout son chargeur pour tenter de retenir l’attention du spectateur sauf que parfois, trop c’est trop. Il y a une grande différence entre débauche et pondération quand bien même cela peut faire aussi l’attrait du film mais, encore une fois, est-il nécessaire d’en faire autant alors qu’il est possible de privilégier un climat plus glacial – propice d’ailleurs au regard du scénario – et nuancé, par exemple, au lieu de faire un feu d’artifice qui ne risque pas de passer inaperçu, surtout au yeux de la police, alors que la discrétion s’impose entre agents de l’ombre... Toujours est-il que l’effet pyrotechnique est bien réel et entre les balles, ponctuées de courses poursuites ou inversement, on ne sait plus, il n’y a effectivement pas un moment pour reprendre son souffle… Le train d’enfer imposé par Jeong Beom suppose une lutte à mort – et sans verser de larmes faut-il le rappeler – parce que son film est du genre brutal, bruyant, gore, excessif et ne saurait s’égarer dans des sentiments au risque de paraître désincarné pour ne pas dire aride comme approche. Certes recevable comme style d’écriture, on peut néanmoins se poser la question. Un film d’action ne se résume donc qu’à cela ? Il est certainement possible de faire autrement, sans la crainte de rompre avec les codes du genre à moins que ce film ne vise qu’une catégorie de public. Fort heureusement ‘‘No Tears for the Dead’’ peut être regardé comme un bon divertissement aussi à condition de ne pas chercher à approfondir quoi que ce soit car le rythme du film est décidément très, pour pas dire trop rapide, pour réfléchir et les balles qui sifflent sont plutôt de gros calibre. Pour conclure, disons que pour meubler une soirée trop calme, c’est le film idéal mais passé minuit, cela risque de gêner le voisinage et ne parlons pas des intellos… Ils risquent de descendre tout le monde pour la peine.
Ker Asia
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