Davantage perturbant que dérangeant, ‘‘Norigae’’ ne peut être considéré comme un divertissement au regard de la gravité du sujet.
S’il y a de la violence, ce n’est pas tant dans le contenu de certaines séquences que l’histoire racontée en elle-même. Dans le cas présent, la démarche cinématographique est tout simplement courageuse et a surtout le mérite de parler d’un métier qui ne livre, souvent, que l’aspect séduisant de l’industrie du spectacle au sens large.
Bien que les violences soient parfois dénoncées dans le monde du cinéma, la mode, la politique et les affaires ne sont guère en reste et certainement qu’elles sont loin d’être des modèles de vertu également. Pour revenir à ‘‘Norigae’’, le réalisateur a manifestement pris le parti d’aller à l’essentiel. C’est à dire plonger le spectateur dans le sordide et sans la moindre artifice avec toute la rugosité de la démarche que d’aucun saura apprécier ou rejeter.
Aussi, est-il délicat voire déplacé de parler de jeux d’acteur ou de performance ou d’y retenir le moindre aspect artistique quand bien même ce réalisateur a certainement tout fait pour rendre la chose lisible. Il faut dire aussi que le sujet, particulièrement dramatique, est traité à la limite d’un documentaire ce qui rend l’analyse critique et artistique difficile sinon impossible sous cet angle.
Peut-il en être autrement d’ailleurs ? Ce film résonne, de fait, comme un réquisitoire contre les pratiques d’individus qui n’ont rien à voir avec ce métier sauf à vouloir nous dégoûter de regarder les dramas ou autres show coréens si performants et... trompeurs sur les mœurs du pays.
Après visionnage, il n’est donc pas certain que tous en sortiront indemnes. La question qui est posée aux spectateurs est la même pour les médias qui véhiculent une image bien lisse du pays du Matin calme. Pays qui est finalement ce que l’on veut bien voir de lui. Entre le silence des médias - sauf dans le cas présent où l’affaire a fait grand bruit dans la presse - et notre plaisir, il y a une sorte d’omerta et des pratiques souvent insoupçonnables pour ne pas dire innommables derrière les coulisses des milieux artistiques. Mais a-t-on envie de savoir ?
‘‘Norigae’’ sort pour ainsi dire des circuits classiques du 7e Art car il ne vise manifestement pas à séduire les foules si on considère le sujet qui n’a absolument rien d’attractif. Il n’en demeure pas moins que le cinéma se doit de réserver une place à des films comme celui-ci et s’il mérite le détour, c’est justement pour son contenu informatif dérangeant mais combien utile mais en s’entourant, toutefois, de quelques précautions avant de regarder. Certaines images sont tout simplement choquantes et les scènes ne peuvent que heurter.
Si le grand et beau cinéma a un coût financier évident, il s’obtient parfois au prix de certaines pratiques condamnables au regard de la loi et de la morale. Mais a-t-on pour autant envie de jeter un œil sur l’envers du décor ?
‘‘Norigae’’ l’a fait et on sait désormais que cela peut conduire au drame.
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