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  • Ker Asia

Northern limit line


Film sud-coréen sorti le 24 juin 2015

Faut-il porter sur grand écran une passe d’armes qu’on voudrait faire passer par une bataille maritime ? Au regard des forces engagées – deux patrouilleurs nord-coréens contre deux sud-coréens – il n’y a pas de quoi fouetter un chat quand bien même y a-t-il eu des victimes de part et d’autre... Mais, il faut croire que les sud-coréens ont la mémoire tenace pour laisser le 7e Art s’en emparer et faire un film en hommage aux militaires tués au cours des affrontements ? Ou pour y ajouter son grain de sel - dont il a le secret - car on ne voit pas trop ce que l’on pourrait apprendre de plus en dehors des médias qui ont déjà tout dit. Toujours est-il que ‘‘Northern limit line’’ se doit d’être fidèle aux événements avant d’en faire un spectacle distrayant si tant est que se prendre des balles ou laisser une jambe, au cours des tirs de canon, peut être excitant pour le spectateur et ne parlons pas des litres d’hémoglobines déversés pour l’occasion. Dans tous les cas, les amateurs d’actions violentes seront certainement comblés sauf qu’avant d’arriver à la confrontation, il faut quand même patienter un peu car durant la première moitié du film, il ne se passe pratiquement rien. De fait, c’est peut-être encore la meilleure partie et bien qu’un peu longue en guise d’introduction, elle a le mérite de brosser le portrait de chacun des protagonistes – côté sud-coréen - en s’efforçant de les rendre attachants car on l’aura bien compris, avant d’être des militaires, nous sommes face à des êtres humains avant tout. C’est à dire faillibles, avec pour chacun, des parcours différents voire accidentés ou des blessures personnelles pour certains ce dont le film ne manque pas de rappeler même dans des situations particulièrement critiques quitte à tomber dans des clichés les plus grossiers. C’est d’ailleurs sur ce registre que le scénario continuera sur sa lancée et ce jusqu’à la fin pour raconter les derniers instants de nos héros si humains qu’on se demande comment dans des scènes aussi violentes, ils trouvent encore le temps ou les moyens de s’interpeller – pour ne pas dire converser par moments - alors que les projectiles adverses tombent comme giboulées de mars en y laissant des frères d’armes gémissants ou inanimés sur le pont... Il semblerait, qu’en voulant trop bien faire et bien que le réalisme des coups assénés de part et d’autre soit déjà convaincant, le réalisateur s’est laissé prendre au jeu du petit soldat courageux et rempli d’abnégation car s’il y a péril à laisser l’ennemi nord-coréen franchir cette fameuse NLL, montrer ce dernier sous un angle un brin caricatural est assez risible et digne des films de propagande des années soixante... Or, les faits survenus en 2002 n’ont plus rien de commun avec les heures sombres de la Guerre froide et s’il fallait faire la part des choses, la provocation des nord-coréens ne saurait être comparée à un affrontement idéologique. Le sentiment de récupération politique qui ressort de ‘‘Northern limit line’’ est d’ailleurs palpable mais faut-il s’en étonner quand on connaît les tendances du cinéma coréen – ces derniers temps - quand il s’agit d’évoquer certaines pages d’Histoire de la péninsule ? Qu’il s’agisse de sageuk ou de films relatant des faits historiques plus contemporains, il y a de fait un réflexe souvent patriotique des sud-coréens qui ne manque pas de surgir. Dans le cas qui nous intéresse, le relent de propagande est suffisant pour tout gâcher y compris le spectacle. Dire que de gros moyens ont été consentis pour la réalisation de ‘‘Northern limit line’’ est tout simplement regrettable. En résumé, ce film est aussi peu informatif que parfaitement inutile et ce n’est pas sa plastique soignée ni les images d’archives en générique de fin qui sauveront quelque chose.


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