Présentée comme la suite du ‘‘dernier train pour Busan’’, il serait naturel pour ne pas dire logique de s’attendre à une réalisation aussi inspirée que le film aux récompenses plus que méritées.
Il faut dire aussi que son réalisateur San-Ho Yeon, avait trouvé dans le premier opus, quelque chose à raconter même si l’histoire ne brille pas spécialement par son originalité mais au moins, l’intensité qui se dégage de la course poursuite avec les zombies et l’espoir de pouvoir s’en sortir étaient suffisamment bien exploités pour rendre les choses crédibles et surtout donner envie aux spectateurs de connaître le dénouement sans oublier les protagonistes qui n’ont pas été sacrifiés inutilement sur l’autel de l’horreur. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui explique le succès du film au Box Office d’à peu près tous les pays.
Fort de cette réussite et dans un genre pas si facile à illustrer – tant les mauvaises productions abondent depuis que les zombies ont la vedette sur grand écran – que faut-il donc attendre de cette ‘‘Peninsula’’ entièrement envahie et dévastée, désormais, puisqu’il s’agit d’y retourner pour sauver non pas quelqu’un mais récupérer une grosse somme d’argent qui ferait la fortune de tous ceux qui ne craignent pas de risquer leur vie… C’est en substance le fil conducteur du film guère plus original que le précédent, pour l’intrigue, et que le réalisateur se propose de mettre en images et en mettant, cette fois-ci, l’accent sur ceux qui ont survécu et sont cachés dans les recoins d’un pays oublié des vivants sauf de la pègre de Hong Kong et des spectateurs qui sont conviés à frissonner à nouveau.
Et du frisson attendu, disons qu’il faut se forcer un peu voire beaucoup par moments, tant la lecture de l’histoire que donne le même réalisateur manque cruellement de relief malgré un démarrage réussi. Pour faire simple, Les zombies ne sont plus qu’un prétexte pour parler d’espoir dans un monde désolé ou rempli de désespoir pour reprendre les propos de San-Ho Yeon. C’est un thème qu’il voulait explorer avec ce nouvel univers et il le défend tellement bien d’ailleurs que les dialogues semblent s’éterniser au risque de rendre son film illisible pour ne pas dire ennuyeux ce qui est tout de même un comble quand on a des zombies aux trousses et la porte de sortie, pas loin non plus, pour ceux qui ne supportent pas le bavardage…
Après visionnage, cette fausse suite pour dire simplement les choses, est finalement tout sauf palpitante. C’est complètement linéaire et convenu. Aucune émotion ne se dégage des protagonistes. Les scènes de poursuite sont même maladroites et aseptisées par l’emploi abusif et trop voyant de technologies numériques et comme ce n’est pas suffisant, l’absence de rythme conduit à une sorte d’agitation inutile comme pour tenter de raccorder des séquences qui se voudraient intéressantes tant les personnages souffrent d’un manque évident de crédibilité dans leur comportement comme dans des réparties un brin décalées avec une réalité qui devrait pourtant faire peur. Même la couleur du film ne parvient pas installer une atmosphère d’angoisse alors que la nuit noire, adoptée tout au long du film pour le décor, semble le desservir contrairement au dernier train pour Busan qui roule, lui, en plein jour.
Disons sans ambage qu’il ne suffit pas de peupler une ville de zombies pour faire un film accrocheur. Le débarquement dans ‘‘Péninsula’’ est vraiment laborieux tant on peine à trouver un moment intéressant. Mais le pire n’est pas que dans le développement de l’histoire. Même la conclusion ne peut s’empêcher de plonger le spectateur dans une théâtralisation affligeante de qui se sacrifiera pour qui, sans parler du parti pris - décidément très à la mode - qui consiste à ralentir les images à l’excès jusqu’à les vider de substance en plus d’être indigestes d’invraisemblance pour illustrer une séquence qui se veut émouvante et dans un sauvetage surréaliste de surcroît. Pour un clap de fin, on est franchement pas loin du grand-guignolesque et c’est bien dommage.
Pourtant ce film est loin d’être un navet malgré ses défauts. Il est très soigné et même prometteur pour le début tout du moins. Mais il n’est hélas pas parvenu à se hisser au-dessus d’une production de série B à cause de certaines faiblesses dans l’écriture du scénario et que l’on retrouve dans l’interprétation indépendamment du talent des acteurs et peut-être même des zombies que le réalisateur fait curieusement courir à quatre pattes pour certains. En fait, il n’a réussi qu’à démontrer, une fois de plus, que le genre horrifique est plus exigeant et difficile qu’on le croit et sans doute faudra-t-il réfléchir avant de s’emballer ou de poser le pied dans cette fichue ‘‘Peninsula’’ sauf si un 3e opus parvient à faire oublier cette demie déception ou succès. En la matière, on n'a pas forcément les mêmes attentes.
Pour notre part et en attendant une hypothétique suite à cette suite, gardons espoir pour les vivants qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs...
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