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  • Ker Asia

Roaring Currents


Film historique sud-coréen sorti le 30 juillet 2014

Dans l’idée de reconstituer un haut fait d’armes, ce film n’oublie manifestement rien jusqu'à soigner le moindre détail sans même négliger une seule goutte de sang… D’une violence inouïe, on ne sera donc pas surpris par les scènes de combats à la lecture du synopsis d’autant qu’il s’agit d’une bataille comme en il existe bien peu dans l’histoire des peuples. Tout est donc dit d’avance sauf que cette réalisation dépasse sans doute et de beaucoup, nombre de sageuk par son contenu et surtout par sa portée symbolique retentissante dans l’inconscient collectif du peuple coréen. Dans le cas présent, il ne s’agit pas d’une bataille comme une autre mais d’un véritable exploit qui tient presque du miracle au regard des enjeux militaires, de la situation désespérée du roi Seonjo, de la détermination des adversaires et plus tard, de la place que la victoire occupe dans l’histoire bien sombre du pays durant la Seconde guerre mondiale sous la domination du même ennemi… C’est en quelque sorte et quelques siècles plus tard, le fameux combat de David contre Goliath en version coréenne pour le plus grand plaisir des cinéphiles amateurs d’actions, d’héroïsme et de passes d’armes en tout genre. Dans ce registre de la confrontation inégale, Roaring Currents nous en offre donc largement et ce du début jusqu'à la fin en multipliant morceaux de bravoure et d’anthologie. Je dirai presque sans temps morts car la tension est constamment entretenue dans cette réalisation guerrière et encore une fois d’une violence telle qu’elle en devient palpable et tout juste supportable pour les sens. Songer donc au bruit sourd d’une tête qui roule sur le sol suffit pour dire à quel point la brutalité des actes est reproduite avec un réalisme et un sens très poussé de l’impact visuel dans  la cruauté, pour ne pas dire la barbarie entre deux adversaires aussi raffinés dans les manières… Comme tout bon sageuk qui se respecte, ce film bénéficie donc d’un soin tout particulier dans la reconstitution des costumes ou plutôt des armures et des armes de guerre utilisées à l’époque entre les deux camps car il faut bien reconnaître que sur ce plan, le réalisateur n’a pas lésiné sur les moyens. Pour tout dire, on n’est pas loin d’une réalisation hollywoodienne quand les studios de la MGM produisaient des péplums hauts en couleur ou plus récemment encore avec la technologie du numérique. Celle-là renoue donc brillamment avec un genre toujours en vogue en conciliant les deux époques cinématographiques même en étant un peu réducteur dans le verbe car des dialogues, on ne verse pas dans la subtilité et encore moins la poésie. Mais il s’agit avant tout d’une histoire de vie et de mort ou plutôt de victoire et de fierté retrouvée sur le tranchant du sabre et des corps décapités… On comprend le succès de ce film car tout au long de son déroulement, il y a de quoi douter de la résistance coréenne face à pareille armada japonaise et pourtant ce qui n’était même pas envisageable est devenu réalité avec l’aide sans doute de la providence mais encore fallait-il y croire… La résistance incarnée par cet extraordinaire personnage qu’est l’amiral Yi-Sun-Sin ressemble donc à la force tranquille d’un grand soldat avec l’héroïsme de tout un peuple retranché derrière lui et campé par l’excellent acteur Choi Min-sik. Il reste que si le film est une belle réussite commerciale, il le doit surtout pour sa portée qui parle davantage au cœur des coréens que n’importe quels faits d’armes passés ou futurs. Il s’agit en l’occurrence de la résistance de tout un peuple à une invasion d’envergure et même si par la suite la résonance n’est plus la même, dans ses luttes pour contenir l’hégémonie d’un adversaire héréditaire, il n’en demeure pas moins que cela ressemblait déjà à un sursaut national sous bien des aspects… En d’autres termes, le mot de la fin pourrait se résumer en une sorte de fierté patriotique à être coréen. À ce titre et légitimement, quelle nation ne le serait donc pas en ayant cette glorieuse page d’histoire inscrite à tout jamais dans son passé même avec des lettres de sang ?



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