Selon le principe cher à la Grèce Antique, avoir un esprit sain dans un corps sain suppose que chacun soit en pleine possession de ses capacités physiologiques et physiques.
Or, qui n’a pas connu un ‘‘burn out’’ consécutif à un épuisement prolongé de ses réserves énergétiques ? La question est abordée par la Chine depuis le 3e millénaire avant J.-C. - selon la tradition médicale chinoise qui voudrait que le premier des herboristes fut l’empereur légendaire Shen Nong qui étudia les plantes vénéneuses et leur contre-poison, classa et décrivit les propriétés de 365 drogues issues du monde végétal, animal et minéral - et ce faisant, elle a mis au point au cours des siècles tout un arsenal de remèdes puisés exclusivement dans la nature afin d’aider le patient, atteint de troubles ou plus précisément de déséquilibres, à retrouver une pleine et entière santé.
Selon les principes de la pharmacopée chinoise, il s’agit ni plus ni moins de réguler le potentiel et les fonctions énergétiques des différents organes, tissus et substances corporelles de l’individu car elle ne vise pas tant à soigner qu’à aider le corps à se régénérer en améliorant, pour ainsi dire, sa santé en lui permettant de se prémunir contre les maladies. En d’autres termes, être en bonne santé n’est pas uniquement défini par une absence de maladie, c’est être en pleine et entière possession de ses moyens physiologiques et physiques.
La mise en pratique de cette pharmacopée consiste donc à administrer des mélanges de produits naturels (plantes, minéraux et des substances organiques prélevées sur certains animaux) en vue de réguler le potentiel et les fonctions énergétiques des différentes parties internes du corps. La forme la plus répandue, autrefois, était la décoction avant qu’elle ne soit supplantée par les pilules, gélules, poudre concentrée et autres préparations liquides produites par l’industrie pharmaceutique. Cette dernière fait intervenir d’ailleurs des notions de saveur et de tropisme pour la prise de ces ‘‘médicaments’’ tout comme la diététique à une différence près, les produits de la pharmacopée chinoise sont considérés comme des aliments, à part entière, en Chine. On les appelle aussi ‘‘alicament’’.
Notons toutefois qu’on ne peut comparer la phytothérapie occidentale à la pharmacopée chinoise qui suit les grands principes de la pensée médicale chinoise à savoir les Ba Gang*. Ainsi, une plante dotée de propriétés particulières développe à l’intérieur du corps une qualité énergétique répondant à une gamme de température allant du chaud au froid. Les saveurs permettent aux principes de la plante de pénétrer dans l’organe avec lequel elle entre en résonance pour ainsi dire. Aussi, les plantes chinoises sont-elles classées à partir des mouvements énergétiques qu’elles induisent dans le corps et ce dans un mouvement de montée-descente-astringence-extériorisation...etc. Enfin, la préparation de la plante par décoction, macération voire brûlage modifie le degré de concentration des principes actifs et par conséquent son action tonifiante ou dispersante.
En d’autres termes, la particularité de la pharmacopée chinoise signifie que la prescription des mélanges de plantes obéit à une logique rigoureuse fondée sur un diagnostic énergétique précis. Ce qui veut dire aussi qu’on ne peut appliquer de façon unilatérale le même traitement pour un même symptôme. Ce qui est bénéfique pour l’un n’est donc pas forcément vrai pour un autre patient. Un produit de pharmacopée peut ainsi faire beaucoup de bien à une personne, pour un problème donné, et être inefficace voire contre-performant et même dangereux pour une autre ayant le même problème.
Davantage orientée vers la santé et l’être humain que la maladie, la pharmacopée chinoise est un traitement de fond avant tout, quand bien même permet-elle de soigner certaines affections des plus bénignes aux plus sévères mais en agissant uniquement comme un levier pour améliorer la santé, en renforçant le système immunitaire de l’individu de manière à préserver sa vitalité. Tout comme l’acupuncture, elle emprunte ainsi la logique du Yin et du Yang** ainsi que celle des Cinq Éléments** afin de stimuler la circulation de l’énergie vitale (Qi) le long des méridiens, avec l’avantage de nourrir en profondeur les organes, les entrailles (Zang Fu) et les tissus afin d’en stimuler les différentes fonctions physiologiques en redynamisant, en quelque sorte, tout le système énergétique qu’ils constituent.
* Les 8 règles représentent la théorie principale pour résoudre la complexité du tableau clinique et faire ressortir les grandes lignes avec les relations qui les unissent. Il ne s’agit pas tant de faire rentrer en force le cas d’un patient dans 8 schémas définis à l’avance que de trouver pour chacun, le mélange de chacune des 8 règles qui illustre au mieux sa réalité propre.
** Comme le Yin et le Yang, il existe en parallèle un autre système dit des Cinq Éléments même si cette désignation ne traduit pas le concept dans sa totalité. A cela, il faut ajouter les notions de mouvement et de dynamique ce qui nous conduit vers les cinq mouvements. Ces mouvements représentent des portions de temps, de la journée, de la saison, de l’année se succédant de manière cyclique et à des points de référence. Les cycles naturels de croissance et de décroissance reposent sur l’alternance du Yin et du Yang avec une forte interconnexion entre le Yin, le Yang et les mouvements des cinq éléments.
Ainsi, quand un phénomène quitte le Yin pour entrer dans le Yang, il représente la naissance, la croissance comme le bois au printemps qui engendre, fait naître tout ce qui l’entoure au sommet du Yang qui en est le point culminant (l’été). Ce dernier fait croître ensuite tout ce qui l’entoure puis vient une première décroissance avec sa période de transformation pour porter à maturité correspondant à la cinquième saison suivie d’une seconde décroissance (période des récoltes) qui nous conduit en automne pour se terminer en hiver (période de stockage). Le phénomène se retrouve ensuite dans le Yin et ce depuis l’origine des temps, dans un cycle toujours en continuel changement et transformation.
La théorie des cinq éléments positionne tout ce qui est présent dans l’univers en mettant en relation la Terre (microcosme de l’homme), l’Homme (avec ses organes entrailles, son système physiologique et anatomique) et le Ciel (macrocosme de l’homme).
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