C’est un appel venu du passé et peut-être même d’outre-tombe si on parvient à suivre l’affaire jusqu’au bout. Cet appel est d’autant plus étrange que dans cette série policière, tintée de surnaturel, le scénariste Kim Won Suk, se propose de nous emmener dans les dédales d’une enquête policière pour le moins originale et on comprend vite pourquoi.
Elle est non seulement complexe à mener mais elle s’étale surtout sur trois époques – 1989, 2000 et 2015 – et au travers d’une communication établie avec les enquêteurs par un vieux talkie-walkie, oublié dans un tiroir d’une section de la police criminelle, et qui ne fonctionne de surcroît que par intermittence et pour cause...
La batterie a rendu l’âme depuis longtemps mais cela n’empêche pas ce fichu talkie-walkie d’émettre, et d’une certaine manière, écrire une histoire – qui servira d’architecture au scénario - inspirée d’un fait réel qui a fait les gros titres de journaux sud-coréens entre septembre 1986 et avril 1991. C’est à dire, bien des années avant que le tueur en série n’ait été identifié.
Mais auparavant, il fallait donc mener des investigations sur la base d’indices fournis au travers de cet appareil et qui se trouve être la propriété d’un certain Lee Jae Han (Cho Jin Woong), chargé autrefois, des affaires non-résolues et dont la disparition semble être un mystère également mais peut-être pas pour tout le monde d’autant que Park Hae Young (Lee Je Hoon) fait partie de l’actuelle équipe de profiler - dirigée auparavant par ce dernier - et désormais placée sous les ordres de Cha Soo Hyun (Kim Hye Soo), qui n’est rien de moins que l’ancienne coéquipière de ce même Lee Jae Han…
Pour résumer, il y a une série de crimes sordides non élucidés, commis sur plusieurs années et des pistes fournies, via un talkie-walkie, par un policier bien décidé à aller jusqu’au bout de son enquête. Mais pour quelles raisons ? Il va falloir faire preuve de persévérance et rester attentif, pour ne pas décrocher de l’intrigue, car les flash-back nécessaires et pour tout dire incessants, ne manqueront pas de promener le spectateur dans des espaces-temps afin d’expliquer le comment du pourquoi même si c’est, parfois, au détriment de la cohérence car ce genre d’exercice n’est jamais exempt de contradictions sauf à ne retenir que l’aspect surnaturel de la chose quant à jouer avec le temps.
C’est certes plaisant comme démarche en partant d’un thème – maintes fois exploré au cinéma sur la notion de temps parallèles – sachant que dans ‘’Signal’’ il y a une voix surgie de nulle part, au travers d’un talkie-walkie, et que celui-ci sert à relier passé et présent sur fond de thriller plutôt classique de facture quant au développement de l’intrigue tout du moins. C’est à dire qu’elle débouche souvent sur des impasses, des fausses pistes, des interrogations et des surprises comme tout bon thriller qui se respecte.
Or, ce n’est sans doute pas dans les crimes, que cette réalisation se démarque du genre car on ne peut pas dire qu’elle brille spécialement par son intensité ou qu’elle est plus noire que les autres si ce n’est qu’au delà de l’intrigue, un brin alambiquée, il y a des personnages attachants car certains semblent traîner un lourd passé ou avoir quelque chose à se reprocher, ce qui permet à ‘’Signal’’ de se distinguer un peu du lot mais sans être un chef-d’œuvre pour autant. Le manque de rythme peut lasser par moment, sans parler des dialogues qui traînent parfois en longueur, outre les plans inutilement incisifs sur les visages sauf pour y déverser une bonne dose de pathos, parfaitement inutile mais très coréen, alors qu’il y a mieux à faire.
Ceci dit, ce thriller n’est pas déplaisant à suivre. La part réservée à l’individu est une constante et c’est sans doute l’aspect le plus intéressant de l’histoire. Elle privilégie les relations humaines sur un fond, certes odieux, mais cela ne semble pas être un obstacle pour mener une enquête, pour preuve, et cela n’empêche pas ‘‘Signal’’ d’émettre dans la séquence finale, non plus. Au regard des dernières images, il faut croire que les choses sont loin d’être terminées. Or, cette façon de conclure, sur un suspense, signifie-t-elle qu’il faut s’attendre à des rebondissements et avec ce même talkie-walkie ? On aimerait bien connaître la marque de l’appareil avant d’aller plus loin, à moins de rester sur sa faim...
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