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Ker Asia

Steel Rain


Film sud-coréen sorti le 14 décembre 2017

C’est clairement un film d’action dont la violence ne sert qu’à justifier le propos de l’auteur - le réalisateur et scénariste sud-coréen Yang Woo-seok – encore faut-il qu’il se donne la peine de nous donner une lecture intéressante pour ne pas dire pertinente des relations nord/sud, dans la péninsule, et ce ne sont pas les scènes d’affrontement, certes bien réalisées, qui feront oublier la grossièreté de sa démarche outre d’être complètement surréaliste. Mais ce n’est que du cinéma...


De quoi parle-t-il ? Un complot pour établir un autre régime en Corée du Nord ? Cela pourrait changer quelque chose, peut-être, mais en pire de préférence pour Yang Woo-seok sinon à quoi cela lui servirait d’en faire un film ? Pour aggraver le mal, par conséquent, il a donc décidé de privilégier une histoire bien peu crédible quant à imaginer un coup d’État organisé par des opposants - au sein de l’armée nord-coréenne - au régime de Pyongyang. Le but de ces derniers est d’établir une autre base de dialogue dans la péninsule mais en y créant, préalablement, un conflit nucléaire qui a le mérite de nettoyer les choses en profondeur certainement ou de remettre les compteurs à zéro en tout cas.


Et comme chacun repartirait sur de nouvelles bases, les contacts entre les futurs protagonistes ne se porteront que mieux d’autant qu’Américains, Chinois, Japonais et Sud-coréens, naturellement, sont invités à la fête pour ainsi dire. Celle-ci doit commencer par l’élimination de la garde rapprochée du leader nord-coréen – appelé n° 1 dans le film - coordonnée par des forces américaines et dont le lieu désigné est tout trouvé puisqu’une cérémonie doit être présidée par des officiels nord-coréens, à Kaesong, qui est aussi une zone économique réservée aux hommes d’affaires chinois et qui servira d’élément déclencheur par la même occasion.


Si au quart du film, les choses semblent se tenir à peu près, il n’en va hélas pas de même pour le développement de l’intrigue quand les principaux protagonistes – Eom Cheol-woo, l’officier des forces spéciales nord-coréennes et Kwak Chul-woo, le secrétaire aux Affaires étrangères et la Sécurité nationale de la Corée du Sud – vont entrer en scène, pour se retrouver face à face à la suite de cet incident, et dans une situation pour le moins improbable. Il faut comprendre que tous ne mourront pas à Kaesong, en dépit de la pluie d’acier tombée du ciel et censée éliminer tout le monde d’autant que parmi les rescapés, se trouve le n° 1 nord-coréen, contre toute attente, outre d’être en trop mauvais état – pour qu’on puisse montrer son visage certainement – et parce que sans cet encombrant personnage, il n’y aurait pas grand-chose à dire dans ce film non plus.


Que faut-il faire alors pour Eom Cheol-woo ? Alors qu’il est prêt à tout pour sauver son président quitte à le faire passer chez l’ennemi sud-coréen et en se moquant, au passage, de ce que pourrait penser le spectateur… Comme dit le proverbe, ‘‘Qui vivra, verra’’ et ce que l’on voit, effectivement, n’est pas une démonstration de talent scénaristique de la part Yang Woo-seok mais une accumulation affligeante de clichés pour tenter de faire avaler une histoire truffée d’invraisemblances outre d’être caricaturale dans la démarche. Et parce qu’il y a sans doute un monde d’incompréhensions entre Sud-Coréens et leurs voisins nordistes, ces derniers sont de surcroît arriérés avec leurs talkie-walkie, d’un autre âge, face à un smartphone qui permet d’écouter G-Dragon – mondialement connu – sauf pour ces pauvres Nord-coréens qui s’émerveillent devant un bol de nouilles instantanées et ne parlons pas d’un hamburger inimaginable pour eux et leur estomac décidément privé de tous les bienfaits du capitalisme…


Pauvres coréens… Mais qui faut-il plaindre le plus dans cette façon de présenter les choses – on ne peut plus condescendante envers les Nord-Coréens – sans parler des personnages même si ce n’est que du cinéma en définitive ? Il y a clairement une ligne de démarcation aussi solide dans l’esprit de Yang Woo-seok que celle qui matérialise la fameuse DMZ, dans la réalité, outre le relent anti-communiste qui se dégage de bout en bout de son film jusqu’à imprégner les dialogues autour d’un plat quand Eom Cheol-woo et Kwak Chul-woo s’efforcent de se comprendre malgré la méfiance réciproque des débuts tout du moins et avant de réaliser, plus tard, que leur point de vue converge face à un danger commun.


Sous cet angle, l’exploration des relations psychologiques entre les deux hommes aurait pu insuffler un peu d’humanité à cette histoire, mais il n’en est rien hormis l’accent mis sur leur posture qui se résume à une certaine décontraction pour Kwak Chul-woo et pour cause, il ressemble à monsieur tout le monde. C’est à dire, divorcé dans son cas, appliqué dans son travail mais dont les compétences sont ignorées par sa hiérarchie jusqu’au jour où il rencontre son alter ego, en quelque sorte, et néanmoins opposé idéologiquement parlant. Eom Cheol-woo est, en revanche, un valeureux officier et porte l’uniforme avec panache en plus d’être nourri, comme Kwak Chul-woo, par d’ardentes valeurs patriotiques.


Tout est dit et il ne reste plus qu’à tenter de suivre cette histoire rythmée par des scènes d’action, très bien réalisées, mais qui ne parviennent pas à faire oublier une intrigue bien trop surréaliste pour qu’on puisse s’y accrocher, sans perdre son sourire, surtout dans la séquence finale qui se veut déchirante mais néanmoins heureuse pour le sort des deux Corée. Sorti en 2017 en Corée du Sud, puis en 2018 dans le monde entier, ‘‘Steel Rain’’ est un honnête film d’action qui ne brille pas par son originalité ni par le jeu des acteurs - tout juste cantonnés à un rôle d’exécutant - et quant à espérer les voir exprimer quelque chose de palpitant, il faudra se contenter de quelques larmes versées parce qu’il faut bien conclure par un sacrifice dans une finale des plus convenues.


Il n’y a, pour ainsi dire, que le ton qui pourrait le distinguer des autres films d’action de la même cuvée mais sur les relations entre les deux Corée, c’est carrément de la propagande digne des années 60 quand on sait que jamais rien n’est tout blanc ni tout noir… Et qu’il y a fort heureusement d’autres films, sur ce thème, bien plus intéressants et surtout convaincants.


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