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Ker Asia

The Battleship Island


Film historique sud-coréen sorti le 26 juillet 2017

Au-delà de la controverse que le film a suscité au Japon, ‘‘The Battleship Island’’ a le mérite de porter sur grand écran un fait inédit pour évoquer un aspect de l’occupation japonaise durant la Seconde guerre mondiale en Asie. L’entreprise n’est pas nouvelle sauf que le réalisateur Ryoo Seung-wan ne semble pas vouloir verser dans le spectaculaire malgré d’importants moyens mis à sa disposition mais donner une vision ‘‘réaliste’’ de son travail.

C’est à dire en y apportant un regard sans concession sur la situation d’alors et sans tomber dans la propagande ni agiter le moindre sentiment anti-japonais. Ambitieux s’il en est pour la démarche cinématographique, le propos se résumerait en une sorte de dénonciation de la guerre qui peut faire de l’homme un monstre ce qui n’est pas nouveau non plus et sans doute faudrait-il le dire plus souvent d’ailleurs car des crimes isolés ou de masse, la triste Histoire de l’humanité n’en manque pas...

Une chose est certaine. Forcées ou non, les populations civiles contribuent souvent pour ne pas dire toujours à l’effort de guerre et notamment sur le plan économique quand ce ne sont pas des jeunes gens enrôlés de force par le Japon pour garnir son armée d’occupation voire les jeunes filles enlevées pour assouvir la bestialité de leurs tortionnaires en uniforme ou des êtres humains séquestrés pour servir de cobayes à la sinistre unité 731.

Géographiquement située sur la ligne de front pour ainsi dire, la Corée devait donc faire les frais de la conquête nipponne d’autant que l’appétit territorial et insatiable du Grand empire de Showa – depuis l’annexion de la péninsule en 1910 - ne tardera pas à inquiéter l’Amérique jusqu’à la faire entrer dans un conflit armé qui ne s’achèvera que dans une déflagration tel que le monde n’en a jamais connue auparavant.

C’est aussi l’image finale du film qui montre un horizon embrasé, sous le regard encore terrorisé des rescapés de Hashima, car, si dans l’enfer de cette île, ils ont réussi à s’échapper, il faut croire que leurs tortionnaires méritent aussi le leur et ce ne sera que justice pourrait-on dire en guise de conclusion.

Dans tous les cas et malgré un effort louable de neutralité quant à parler des coréens exploités et corvéables à merci dans cette île - appelée aussi ‘‘Île de l’enfer’’ - pour le traitement inhumain des personnes et des conditions de vie, ‘‘The Battleship Island’’ n’est pas parvenu à s’extirper complètement des productions versées dans la reconstitution historique s’il fallait retenir quelques aspects du scénario.

La photographie est certes magnifique, les plans sont très réalistes et le jeu d’acteur crédible dans l’ensemble aussi mais hélas quelque peu desservi par des dialogues trop étirés par moment. Au bout d’une heure de visionnage, il s’en dégage une sensation de bavardage alors que l’atmosphère de terreur – s’il est vrai que torturer les fuyards est monnaie courante – devrait dominer tout au long de ce huis-clos, sous terre et sur une île de surcroît, pour tous ces malheureux coréens condamnés à mourir à terme d’une façon ou d’une autre.

Heureusement, que les 45 minutes restantes permettent de maintenir l’attention jusqu’au bout car ce n’est pas un accident dans la mine qui donne envie de continuer mais bien le dénouement et c’est là que le réalisateur n’a pu s’empêcher de montrer ses compatriotes bien courageux dans des scènes particulièrement violentes voire même spectaculaires et aussi réalistes que cela ?

Chacun saura apprécier en voyant un mourant se lancer dans un monologue, par exemple, alors que n’importe qui aurait rendu l’âme sur le coup et pas n’importe lequel – trois balles s’il vous plaît sinon rien… - sans parler d’un acte de bravoure tout juste croyable pour couronner un comportement héroïque qui laisse pantois ou chancelant suivant les forces qui resteront à chacun y compris le téléspectateur.

Bref, s’il fallait recommander ‘‘ The Battleship Island’’, il est certainement préférable d’être Coréen pour pouvoir l’apprécier pleinement car le film semble s’adresser à un public privilégié d’abord surtout s’il connaît mal son passé. Quant aux amateurs de faits d’armes, il n’est pas certain que tous trouveront leur compte. Dans le genre historique qui se veut ‘‘réaliste’’, il y a beaucoup de prétendants mais bien peu y parviennent. Dans le cas présent, on en sort avec un sentiment mitigé c’est à dire, sans pourvoir haïr les Japonais ni plaindre les Coréens mais cela reste tout à fait regardable pour le sujet et la réalisation hollywoodienne.


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