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Ker Asia

The Flu


Film sud-coréen sorti le 15 août 2013. Titre alternatif : Pandémie

Il y a de fortes chances pour que le film en fasse tousser plus d’un, non pas à cause de la pandémie – causée par H1N1 dans le cas présent – mais par les maladresses qui abondent. Il finit d’ailleurs comme il a commencé, sur une scène pour le moins invraisemblable pour ne pas dire grotesque. Sans être complètement mauvais pour autant, ‘‘The Flu’’ peine en fait à se démarquer du lot. Il faut dire qu'en terme de catastrophe, la palette n’est pas illimitée non plus avec tout ce qu’on a pu voir jusqu’à présent avec le cinéma américain notamment. Aussi, peut-on se demander ce que les Coréens peuvent apporter de plus et comment les protagonistes de cette histoire de pandémie vont s'en sortir même si un Happy End est souvent de rigueur dans pareille production. Dans un genre que l’on croyait moribond mais qui se révèle inépuisable finalement, jouer sur la peur de masse pour en faire un film à grand spectacle peut être aussi tentant que risqué pour peu qu‘on ne prenne pas garde aux poncifs qui ne manquent jamais de poindre dans tous les films catastrophes. En d'autres termes, la façon de s'y prendre pour montrer les choses compte autant que les moyens – des milliers de figurants dans notre cas – mis en œuvre quand tout n'est qu'affaire d'atmosphère en définitive. Dans une autre catégorie, les films d'horreur sont d'ailleurs de bons exemples en matière de suggestion et sans tomber dans le spectaculaire, certains sont parvenus à inspirer une réelle peur panique sans rien montrer ou presque. C'est dire que l'entreprise consistant à effrayer le spectateur n'est tout simplement pas à la portée du premier venu – Kim Seong Su pour ce film - quand bien même il s'agit de le divertir en donnant le frisson. Quand est il donc de notre virus d H1N1 ? ‘‘The Flu’’ part d'un scénario on ne peut plus classique en mettant sur le même chemin deux personnages - le docteur Kim In Hae et Kang Ji Gu, le sauveteur aguerri – dans un accident de la route sauf que ce dernier semble étrangement intéressé ou attiré par la conductrice tandis qu’un container chargé de clandestins laisse échapper, à l’autre bout de la ville et par la maladresse d’un passeur, un des malheureux qui se trouve être le seul à avoir survécu à une épidémie qui a décimé tous ses compagnons d'infortune. Comme le hasard fait décidément bien les choses, voici que ces deux histoires se croisent au travers d’une encontre des plus improbables entre une enfant qui se trouve être la fille - Kim Mi Reu dans le film - de notre médecin et le rescapé clandestin naturellement doté d’un système immunitaire exceptionnel tandis que les symptômes de la contamination ont déjà fait leur apparition sans inquiéter pour autant les autorités de Bundang bien plus occupées par la politique que le sort de leurs concitoyens. Pour aggraver le mal, le corps médical, bien sûr de lui, est certain d’avoir la situation en main jusqu’au moment où il faut se rendre à l’évidence avec toutes les conséquences que cela sous-entend… La suite peut-telle se résumer sans rien révéler du suspens si tant est qu’il y en ait un véritablement ? Pour être charitable, disons qu'on est dans une lecture linéaire voire des plus convenue d'un scénario en mal d'inspiration. Dire qu’il s’agit d’effrayer le spectateur avec des scènes de panique, certes bien filmées, ne risque tout simplement pas de faire sursauter tant les choses sont prévisibles. Quand est-il du confinement d’une partie de la population sans parler du sort qui lui est réservé, autant faire l’impasse et ne parlons même pas d’un sauvetage plus que surréaliste dans une fosse remplie de cadavres contaminés à ciel ouvert. Enfin, pour ce qui est des méthodes employées dans une gestion de crise, on ne peut pas dire qu’elles siéent à une ville sous quarantaine quand bien même faut-il s'inquiéter du reste du pays désormais jusqu'à recourir à des moyens extrêmes ? Dans notre cas, il s’agit de tuer une mouche avec un marteau et entre le grotesque et le ridicule, on peine à faire la différence surtout avec un président de la République dépassé par la tournure des événements jusqu'à s'en remettre à une puissance étrangère qui est aussi le meilleur soutien et protecteur du pays ? Il faut croire que le point de non retour est atteint mais il y a pas de quoi frémir non plus même en faisant un gros effort... Toujours est-il que le message, en clin d’œil, délivré à Uncle Sam ne peut dissimuler une petite pointe d'aigreur et aussi encombrante qu'utile, dans la réalité, l'Amérique est décidément partout et presque aux commandes du pays dans les dernières séquences du film. Pauvres Coréens bien obligés de tendre la main, ne méritent-ils donc pas mieux ? Bien sûr que oui et les spectateurs aussi face à ce navet à la sauce kimchi qui ne peut s'apprécier qu'entre Coréens malades du H1NI ou d’autres choses. Du reste, les actes de bravoure des uns et des autres sont aussi palpitants qu’une tentative d'accouplement avortée entre une poule et un lapin quand on sait d’avance qu’il n’y a hélas pas de grandes surprises à attendre sauf de la part du président coréen qui parvient à sauver in-extremis son honneur et la population aussi par conséquent. Fort heureusement, ''The Flu'' n'est qu'un divertissement – tout de même réussi pour la plastique comme tout bon film à grand spectacle qui se respecte - et ne peut contaminer que les amateurs d'histoires bien pataudes et de surcroît encombrées par une fibre patriotique décidément aussi grosse que les cordes d'un ring. Enfin, s'il fallait remettre les pieds dans la péninsule, virtuellement parlant, certains risqueraient de s’étrangler avec et gageons que les quintes de toux qu’ils auront ne seront pas le fait du H1N1. La charge est-elle si rude ? Se donner des moyens hollywoodiens pour un résultat de série B, c’est tout simplement du gâchis. Il faudrait songer à prendre des cours du soir avec Uncle Sam M. Kim Seong Su.


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