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  • Ker Asia

The Long Way Home


Film sud-coréen sorti le 24 septembre 2015

Sujet sensible s’il en est, oser faire une comédie dramatique pour parler de la guerre de Corée est on ne peut plus risqué. S’il est vrai que le cinéma s’est emparé de cette page douloureuse de la péninsule - pour ce qui est des sud-coréens tout du moins – le point de vue qui est mis en avant jusqu’à présent est souvent teinté de patriotisme exacerbé quand il n’est pas manichéen. C’est dire que la présentation qui en est donnée est pour ainsi dire monolithique.

Peut-il en être autrement quand on sait que cette guerre fratricide a commencé par une attaque surprise du Nord en juin 1950 pour se terminer par la partition de la péninsule en deux pays et deux ennemis irréconciliables ? C’est ce que l’Histoire a retenu et rien ne semble vouloir changer malgré les tentatives de rapprochement depuis la fin officielle de la Guerre froide dans le monde mais pas encore en Asie en tout cas. A moins que le 7e Art ne décide de s’en mêler, on ne voit donc pas comment Nord et Sud pourraient se retrouver sauf pour se tirer dessus ce qui n’a d’ailleurs pas manqué dans ce film intitulé ‘‘The Long Way Home’’.

Long comme suggère le titre et tellement long aussi que le chemin du retour dans leur foyer pour des milliers de Coréens - dont la famille est coupée par une frontière quand elle n’est pas anéantie – semble interminable même après la cessation des hostilités en 1953 et traitées dans ce film en prenant pour élément de départ un document top secret qui pourrait changer le cours de la guerre. Il est confié à Nam Bok – soldat de l’armée sud-coréenne - sauf que celui-ci l’a perdu au cours d’une attaque des nord-coréens qui se font à leur tour décimer sur un autre front. Or, ce fameux document se retrouve, par le plus grand hasard, entre les mains du jeune soldat nord-coréen Yeong Gwang, qui se trouve être le seul rescapé de son unité et dans une sorte de retournement de situation pour le moins inédit.

Aussi, peut-on compter sur le destin versatile des armes pour se charger des deux hommes en faisant croiser leur chemin mais il est clair que chacun a des motivations différentes. Il s’agit de retrouver à tout prix un document d’une importance capitale pour Nam Bok et se sauver d’une guerre pour Yeong Gwang surtout que ce dernier est loin d’être un vétéran mais il est néanmoins déterminé à ne pas se laisser faire et rentrer chez lui avec ce fameux document ? On voit déjà poindre un face à face qui ne peut être que dramatique mais c’est sur ce plan précisément que le réalisateur et scénariste Cheon Seong a décidé de prendre un virage pour le moins inattendu en faisant côtoyer nos protagonistes dans une sorte de course poursuite des plus loufoque entrecoupée de dialogues totalement surréalistes quand on sait que nord et sud-coréens se vouent une haine réciproque.

Quelque peu déjanté pour le parti pris scénaristique, il n’en demeure pas moins qu’on se laisse prendre rapidement par cette histoire à l’issue incertaine finalement et quand bien même certaines scènes sont tout simplement hilarantes pour leur invraisemblance, on ne peut s’empêcher de s’attacher à ces deux soldats que tout sépare ? Si la haine est un sentiment extrême, elle ne s’exerce pas toujours par la destruction de l’autre car le tour de force de ce film, encore une fois bien prenant, est d’avoir su transcender les ressentiments en une relation certes brutale dans la forme entre les protagonistes mais néanmoins humaine pour ne pas dire tragiquement humaine dans notre cas.

Ce qui fait qu’au bout de 112 minutes de visionnage, on en ressort non pas meurtri comme dans un film de guerre classique mais songeur sur le rapport des hommes pas si éloignés les uns des autres que cela. Sans être moralisateur pour autant, l’image de fin renforce ainsi l’idée que la guerre n’est finalement qu’un tragique gâchis car elle n’est jamais souhaitable quand il est possible de se parler – comme montre le film – surtout dans le cas des coréens qui n’aspirent qu’à l’unité mais il faut croire que le chemin est encore long pour que chacun puisse retrouver son foyer qu’il soit au nord ou au sud.

Si ‘‘The Long Way Home’’ s’annonce d’emblée comme une comédie dramatique, il est clair qu’il faut s’attendre à un drame mais ce qui est moins évident est la dimension humaine qui s’en dégage - en seconde lecture - car au-delà des images et même du style d’écriture adopté pour parler de cette guerre dite de Corée, on en revient toujours au même constat. Nous avons affaire à un même pays. Le film le montre d’ailleurs mais sous un angle hélas bien tragique vers la fin car il faut bien que cette guerre se termine d’une façon ou d’une autre.


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