C'est un accord historique signé entre les gouvernements de la Corée du Sud et du Japon en ce 28 décembre 2015 reconnaissant l'un des crimes les plus abjects commis par l’armée impériale japonaise dans la péninsule asiatique sous la Seconde guerre mondiale. C'est aussi un acte hautement politique pour ce dernier avec le versement d'un milliard de yens (7,5 millions d'euros) pour dédommager 46 victimes encore en vie pour sa responsabilité longtemps minimisée voire niée derrière l'accord de 1965 rétablissant les liens diplomatiques entre Tokyo et Séoul et censé régler toutes les questions liées à la guerre entre ces deux pays.
Mais le passé ne s'effacera sans doute jamais et pas de si tôt tant il est profondément ancré dans l’inconscient collectif de toute une nation quand bien même cette page tragique de la Corée semble lointaine pour beaucoup sans doute, mais un crime de cette ampleur ne peut s'oublier ni trouver de pardons par des actes de repentance ou des excuses publiques fussent-elles sincères.
''Femmes de réconfort'', voici derrière cet euphémisme un système élaboré par l’armée nipponne pour satisfaire son bordel et réduire en esclaves sexuelles des dizaines voire jusqu’à deux cent mille femmes asiatiques majoritairement coréennes mais aussi chinoises, taïwanaises, philippines, indonésiennes, vietnamiennes, birmanes, hollandaises, australiennes et aussi japonaises selon les historiens. La plupart avaient de 14 à 18 ans...
Beaucoup ont succombé avant même la fin de la guerre, victimes de mauvais traitements et des conditions de vie, de maladies vénériennes qui étaient un véritable fléau- seul un quart des femmes a survécu aux sévices quotidiens dans leur lieu de détention selon les estimations - tandis que d'autres ont fini par mettre fin à leur jours, prises entre la honte et le désespoir ou ont été déportées au gré des troupes pour leurs besoins, avant d'être abandonnées sur place comme de vils objets inutilisables. Parmi ces survivantes aucune n'a osé révéler ce crime jusqu’à ce jour de 1991 où le silence fut brisé pour la première fois par une Sud-coréenne soutenue par des associations féministes, en déclarant publiquement qu’elle a été une ''femme de réconfort''.
Or tout a commencé en 1931 lorsque l’armée japonaise conquiert le Nord-Est de la Chine suite aux incidents de Mandchourie de septembre de cette même année. Dès lors, la mise en place des établissements dédiés au repos du soldat va se multiplier dans tous les territoires occupés au fur et à mesure que l’armée impériale repousse toujours plus loin ses fronts vers le sud jusqu’à s’étendre dans toute la Chine - durant le conflit entre les deux puissances en 1937 - et par la suite dans toute l'Asie du Sud- Est en opposition avec les forces occidentales, au cours de la guerre du Pacifique engagée en Décembre 1941.
''Eyes of Dawn'' est l'un des visages de ce que la guerre nous montre dans tous ses excès, y compris le bien du soldat revenu du front dans les bras d'une femme de réconfort.
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