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Une Nation, deux Etats


Monument commémoratif de la guerre de Corée à Seoul

L'Histoire retiendra ce jour de juin 1950 qui marque l’entrée en guerre de la République populaire démocratique de Corée contre son voisin du Sud, tout en ouvrant brutalement pour ainsi dire une ère d’instabilité politique durable dans la péninsule et ce jusqu’à nos jours, malgré les tentatives de rapprochement des deux pays au cours de la dernière décennie, bien après la fin officiellement déclarée de la guerre froide en 1991.

De fait, il existe idéologiquement deux Corées depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, séparées au niveau du 38ème parallèle par une zone démilitarisée, puis à l'issue d'un conflit qui a duré plus de trois ans et un armistice signé à Pammunjon le 27 juillet 1953. Depuis cette date, la tension est toujours vive entre les deux voisins sans qu'aucune solution diplomatique soit trouvée, d'autant que la partition du pays a été virtuellement entérinée par l'Organisation des Nations Unies en 1948 et plus tard par la conférence de Genève en 1954.

Comment en est-on arrivé là ?

En février 1945 soit neuf ans plus tôt, la fin de la Seconde guerre mondiale devait redessiner les frontières de l'Europe de même qu'il a été convenu entre les puissances victorieuses - URSS, États-Unis d’Amérique et Royaume Uni – durant la conférence de Yalta, que l'URSS interviendrait contre le Japon après la reddition allemande et en ce qui concerne la présence de troupes japonaises en Asie et en particulier en Corée, elles devaient se rendre aux Soviétiques au Nord du 38ème parallèle et au Sud, aux forces américaines.

En réalité, le département de la Défense américaine craignait surtout une main mise des Soviétiques sur toute la péninsule dans leur précipitation à entrer en guerre – 8 août 1945 - contre le Japon d'autant que la reddition de celui-ci était prévisible bien avant le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Aussi, l’Amérique proposa-t-elle aussitôt le partage de la Corée que Staline accepta d’emblée mais non sans arrières pensées politiques de part et d'autre et surtout au détriment des Coréens remplis d'espoir quant à retrouver leur pleine souveraineté et intégrité territoriale avec l'aide de leurs ''libérateurs''.

Pour les deux grandes puissances en revanche, il s'agissait avant tout de peser de toutes leurs influences militaires sur la péninsule afin d'imposer des gouvernements qui leur soient favorables, quitte à éliminer les nationalistes coréens modérés au Nord – en apportant pour les Soviétiques leur soutien au communiste Kim il Sung qui avait dirigé autrefois des guérillas durant la résistance contre les Japonais en Mandchourie - et dans le Sud, au nationaliste Sungman Rhee, perçu par les Américains comme un homme de compromis pour avoir vécu et formé un gouvernement d'exil aux États-Unis, bien qu'il soit loin de faire l’unanimité parmi les mouvements de droite et de gauche coréens pourtant très développés mais en opposition permanente.

Dans un esprit de réunification au lendemain de sa libération, la population coréenne ne pouvait donc qu’être favorable à l’idée de retrouver un pays entier malgré un contexte difficile car les conférences américano-soviétiques sur la question aboutirent rapidement à une méfiance réciproque avec pour conséquences directes, l’organisation de gouvernements distincts commencée en 1947 dans le sud du pays. Celle-ci donnera naissance à la République de Corée le 15 août 1948 et la République populaire démocratique de Corée proclamée au nord le 18 septembre 1948. Dès lors, la confrontation idéologique semble inévitable surtout qu’Américains et Soviétiques se gardent bien de toute ingérence dans les affaires intérieures coréennes préférant se retirer militairement tout en laissant les protagonistes dans un face à face tendu.

25 juin 1950

Un peu oubliée aujourd'hui, la guerre de Corée reste le conflit le plus meurtrier de la deuxième moitié du XXe siècle pour avoir causé la perte de plusieurs millions de personnes parmi les combattants des deux pays et leurs alliés, sans compter la population civile victime de bombardements, famines et épidémies (trois millions de victimes selon les estimations). Mais cette guerre est avant tout l’illustration d'une stratégie adoptée par les deux superpuissances engagées dans la guerre froide. Il s'agissait de maintenir la tension localement en évitant qu'elle ne débouche sur un conflit généralisé même s'il faut pour cela sacrifier des vies humaines sur l'autel des idéologies, sans compter les désastres économiques dont bien des pays peinent encore à se relever aujourd'hui et pas qu'en Asie.

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