C’est un costume sur mesure pour Lee Song-gi - alias Chal Dal-geon - dans ce rôle. Il lui sied à merveille comme une carrosserie de bolide qui s’est pris plusieurs tonneaux sur le bitume. C’est dire qu’aucun conducteur n’a de chances de sortir vivant d’un pareil accident sauf lui et pour cause. Chal Dal-geon est cascadeur de métier mais sa carrière peine à décoller en plus d’avoir en charge, en tant que tuteur, l’éducation de son neveu.
Comme situation professionnelle et familiale, il n’y a pas de quoi en faire un drame et encore un moins un drama à moins que ce soit le point départ d’une intrigue qui ne tardera pas à décoller aussi vite, d’ailleurs, que l’avion censé emmener son neveu – au Maroc pour une démonstration de taekwondo – mais qui n’arrivera jamais à destination. Plus de neveu donc et que des larmes à verser sans compter la culpabilité qui rongerait n’importe qui au regard des derniers moments passés ensemble, par vidéo interposée, sachant qu’il n’ y a officiellement aucun survivant dans un tel crash à moins que...
Que faire ? Eh bien 20 épisodes pour expliquer que derrière la vérité bien trop simple que présente la compagnie aérienne responsable, et aussi prestement d’ailleurs que le montant des indemnités, en pareilles circonstances, il y a certainement quelque chose qui vaut la peine de regarder de plus près. Et c’est cette chose qui donne corps à ce ‘‘Vagabond’’ en quête de sa vérité, tout au long d’une enquête qui ne tardera pas à se transformer en vengeance personnelle.
Classique pour le thème et que l’on retrouve dans tout bon thriller qui se respecte, le scénario de ‘‘Vagabond’’ reprend effectivement les mêmes ingrédients à savoir un accident déguisé avec son lot d’indices, de fausses pistes, des revirements de comportement et une justice qui se doit d’être implacable, au final, face aux truands et aux traîtres. L’ambiance est forcément glauque, pour ainsi dire, mais la démarche adoptée généralement n’est pas retenue dans cette course poursuite après une vérité, décidément bien difficile à découvrir, au terme du 20e épisode voire même insaisissable et en plein jour. Il ne s’agit pas que d’une lutte, dans le secret, c’est le National Intelligence Service (NIS) et l’État qui s’en mêlent ouvertement...
Il faut dire que les scénaristes – Jang Young-Chul et Jung Kyung-soon – ne se sont pas contentés de dérouler une simple histoire de corruption, comme on peut s’en douter rapidement, car cette fameuse vérité ne semble pas être incarnée par des individus - qui ne sont que les rouages d’un système où chacun y voit ses propres intérêts – mais par une entité qui explique mais sans éclairer vraiment sur les questionnements que pose chaque épisode. Qui est qui, en d’autres termes, voire à qui peut-on faire confiance jusqu’à ses plus proches collègues, collaborateurs et peut-être même amis ? Et à qui tout cela profite ?
Un brin déroutant dans le jeu de la devinette et de la gâchette ‘‘Vagabond’’ se révèle être un thriller très audacieux au fur et à mesure que le héros, bien malgré lui, semble toucher au but mais c’est pour ouvrir une autre porte qui débouche sur d’autres interrogations en dépit des découvertes plus ou moins surprenantes. Et c’est parce que la toile de fond de l’histoire ne se limite pas qu’à la Corée, comme terrain d’affrontement, que va pouvoir faire Chal Dal geon ? Encore une inconnue...
Quoi qu’il en soit, ‘‘Vagabond’’ est un drama captivant de bout en bout et très réussi sur le plan de la réalisation. Il n’y a pratiquement pas de temps morts ou plutôt des morts qui jonchent sa quête et pas de pathos non plus. C’est tout juste s’il y a un soupçon de romance et encore faut-il s’en apercevoir à travers des balles qui sifflent. Il se laisse regarder pour toutes ses qualités tant au niveau du scénario, un brin alambiqué, que le jeu d’acteur des principaux protagonistes - Chal Dal-geon et Go Hae-ri – sans oublier les seconds rôles dans des emplois douteux mais néanmoins cohérents dans une affaire plutôt complexe.
En attendant, il faudra attendre la saison 2 et s’attendre aussi à voir Chal Dal-geon prendre des coups même si rien ne semble pouvoir l’arrêter ni même les tirs de snipers ou d’une tueuse professionnelle à tel point qu’on peut se demander si les rebondissements de l’intrigue, jusqu’à présent, ne sont pas liés à notre cascadeur. Il est décidément très doué pour rebondir sur toutes les situations mais gare à l’atterrissage. Ce serait dommage de conclure sur une queue de poisson comme certains thrillers - à l’instar d’IRIS par exemple – très prometteur mais décevant sur la fin.
Notons enfin, que pour un thriller, le ton assez décontracté de certains personnages ne nuit en aucune façon à l’histoire. Il lui donne, en revanche, un supplément d’attractivité nullement incompatible avec la violence traitée avec un réalisme des plus percutant.
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