Que peut-on retenir de ce film après deux heures de visionnage environ ? Certainement qu’il y a des choses intéressantes ne serait-ce que l’histoire de ce moine en elle-même - sa biographie en anglais est très riche mais pas autant que la version chinoise pour ne retenir que Wikipédia dans les deux langues - et pour ce qui est du cinéma proprement dit, les paysages naturels d’une beauté à couper le souffle qui devraient ravir plus d’un, outre les restitutions de monastères et temples aidées en cela par des images de synthèse un peu envahissantes mais néanmoins fort bien faites. Est-ce suffisant pour contenter le commun des mortels quand il s’agit de parler du bouddhisme de surcroît car il est quand même à l’origine des pérégrinations de Xuan Zang, surtout que ce dernier est animé par une foi inébranlable et même s’il n’a pas soulevé des montagnes dans son sillage mais des vents de sable, ce n’est déjà pas si mal. Rappelons par ailleurs, que le risque d’y laisser la vie est grand dans ces contrées lointaines, sans parler du danger permanent de tomber sur des brigands de grand chemin voire des armées en guerre... Quoi qu’il en soit, une chose apparaît clairement tout au long du film. Entre une conviction chevillée au corps et un grain de folie, il n’y a certainement pas de grande différence et s’il faut passer par une situation extrême pour parvenir à quelque chose qui a des chances de rester dans l’Histoire - des Tang tout du moins - Xuan Zang a sans doute raison d’entreprendre ce voyage aussi périlleux que riche sur le plan humain et spirituel. Pour revenir au traitement cinématographique du sujet, il faut quand même dire que la tâche n’est guère aisée et le thème plutôt difficile à aborder s’agissant du bouddhisme. Pourtant, cette réalisation particulièrement soignée est parvenue à maintenir un certain équilibre entre notre héros - le mot n’est pas trop fort pour qualifier une prouesse qui consiste à traverser seul ou presque deux déserts – et le bouddhisme certes déclinant en Inde en ce début du VIIe siècle mais en plein essor dans la Chine des Tang. Ce qui nous fait grosso modo, une heure de visionnage dans les sables et la dernière à passer dans les temples pour ressortir en se disant après force prières… ‘‘Tout ça pour ça ?’’ Il est vrai que résumé ainsi, cela pourrait rebuter certains et pourtant, c’est bien ce que le film montre en parlant de la vie de Xuan Zang - entièrement consacrée aux Écritures jusqu’à ignorer les honneurs et pas des moindres rendus par l’Empereur en personne - et s’il fallait en dire d’avantage sur ce dernier comme sur le bouddhisme d’ailleurs, ce n’est pas en deux heures qu’on y parviendrait car il faudrait faire un drama surtout que le vocabulaire – merci Nefertari – bouddhique risque de décourager le profane dès la première minute sans parler des courants de pensée qui ne s’accordent pas sur l’interprétation des Écritures. Charmant programme... Ceci dit, le titre du film ne laisse planer aucun doute sur son contenu et c’est bien de Xuan Zang qu’il s’agit d’abord car du reste, le personnage nous offre un visage plutôt sympathique, pour un moine, surtout dans ses retrouvailles avec la ville qui lui est si chère. Et si des émotions, il ne faut pas s’attendre à de grandes effusions, dans cette aventure humaine et spirituelle, on peut quand même en voir vers la fin car être moine n’empêche pas d’être humain fort heureusement. Quant au bouddhisme qui semble n’être qu’une toile de fond, par moments, sans doute faudrait-il donner une suite au film pour lui donner plus de corps car le sujet est complexe et dans le cas présent, le scénario n’offre qu’une lecture bien sommaire avec le risque de laisser beaucoup de spectateurs sur la faim ou d’en égarer sur le chemin de la spiritualité. Mais quel que soit l’aspect privilégié par le spectateur dans ce film, ‘‘Xuan Zang’’ est une bien belle réalisation, de toute façon, pour ne pas dire raffinée dans sa représentation des choses et même du bouddhisme au point que certaines scènes ressemblent à des tableaux à s’y méprendre. Mais cela risque aussi de n’être que la seule qualité qu’on retiendra du film pour peu que des Tang ou de Siddhartha Gautama, on n'a pas l’once d’une idée et je ne saurais parler de Véhicules grands ou petits au risque de voir certains me questionner sur le modèle ou la marque, ou de bouder le Bouddhisme tout simplement.
Ker Asia
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